theape
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Posté le: 20/02/2004 09:26
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Papon sans remords ni repentance
BERNARD DELATTRE
L'ex-fonctionnaire de Vichy, condamné pour complicité de crime contre l'humanité, réclame en cassation la révision de son procès.
Et prend la parole, pour la première fois depuis 1998.«Je suis fier d'avoir servi la nation au mieux possible.»
Depuis sa condamnation à dix ans de prison en 1998 pour complicité de crime contre l'humanité, Maurice Papon, qui est aujourd'hui âgé de 93 ans, ne s'était jamais exprimé publiquement. Jeudi, l'ex-secrétaire général de la préfecture de Gironde sous Vichy a brisé le silence. Dans une retentissante interview au magazine «Le Point», il a refusé d'exprimer le moindre remords ou le plus infime regret. «Pour exprimer des remords, il faut que la conscience soit coupable», a-t-il justifié. Or, l'intéressé juge son «innocence complète». «Je suis fier d'avoir servi la nation au mieux possible», assure-t-il même: «La France et les Français sont tout à fait étrangers» au génocide des juifs par les nazis.
Le procès qui l'a reconnu coupable de complicité dans la déportation de plus de 1500 juifs entre 1942 et 1944? Papon le relègue au rang de «pitrerie judiciaire» digne des «procès de Moscou» avec ses «prétendues accusations» et son «lynchage médiatique». L'ex-ministre du Président Giscard d'Estaing se paie même le luxe de se comparer à Dreyfus et d'attaquer le président Chirac. Papon juge le chef de l'Etat animé d'une «haine» à son égard, et l'accuse «d'avoir culpabilisé la France» en reconnaissant en 1995 la responsabilité de l'Hexagone dans la déportation des juifs. «Se vautrer dans la repentance, ce n'est pas bon pour la cohérence nationale, pour la cohésion de la patrie», sermonne le nonagénaire. «La repentance implique une culpabilité. Et la culpabilité par elle-même est un facteur de déclin. C'est bien ce qui se passe aujourd'hui en France.»
Derniers rounds judiciaires
Les propos de Maurice Papon ont suscité un vif émoi. «Ils lèvent le coeur de ceux qui ont été les victimes» de la Shoah, ont commenté des avocats des parties civiles au procès Papon, non sans accuser ce dernier de «révisionnisme». Une dizaine de déportés et de parents de déportés ont clamé leur indignation jusque dans l'enceinte du palais de justice de Paris, où, jeudi également - et ce n'était pas un hasard - s'est joué un des derniers actes de la saga judiciaire qui, depuis 23 ans, oppose l'ancien vichyste à l'Etat français.
En effet, la commission de la Cour de cassation chargée du réexamen des condamnations pénales a examiné la demande d'un nouveau procès introduite par l'ancien ministre. Ce dernier réclame un nouveau procès en assises, se basant sur un arrêt de la Cour européenne de justice de 2002 condamnant la France pour «procès inéquitable». En 1999, Maurice Papon avait été déchu d'office de son pourvoi en cassation parce qu'il avait pris la fuite. L'Europe avait ensuite jugé ce déni de justice contraire au droit à la présomption d'innocence.
La forme ou le fond?
Jeudi, le parquet s'est opposé à un nouveau procès en assises. Tout au plus a-t-il consenti à ce que le fameux pourvoi en cassation de 1999 soit enfin examiné. La nuance est de taille. Dans le cas d'un procès en assises, la condamnation de 1998 serait réexaminée au fond. Dans le second cas, seule la forme de cette condamnation serait débattue.
Maurice Papon sera fixé sur son sort le 26 février. Ces dernières années déjà, il a remporté plusieurs victoires judiciaires importantes. Ainsi, il a obtenu sa remise en liberté et une dispense de peine pour raison de santé, le rétablissement de ses droits à la pension d'ex-préfet, l'interdiction de diffusion à la télévision des images de son procès, et le paiement par l'Etat de la moitié des dommages et intérêts auxquels il a été condamné - la France étant jugée pour partie responsable des méfaits commis jadis par son ancien haut fonctionnaire.
© La Libre Belgique 2004 |
source: www.lalibre.be
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